JUSTICE ET TERRORISME : ENTRE MÉMOIRE VICTIMAIRE ET DÉPASSEMENT DE LA VIOLENCE MERCREDI 19 DÉCEMBRE 2018

Bibliothèque nationale – Petit Auditorium 

 

Colloque organisé par l'Association Recherches Mimétiques en partenariat avec la BnF : http://www.rene-girard.fr/57_p_44418/colloques.html

 

Intervenants  : 

Robert Badinter (entretien filmé), Jean-Marc Bourdin, Benoît Chantre,  Alain Cugno, Antoine Garapon, Christian Lavialle, Cathy Leblanc , Pierre-Olivier Monteil , Bernard Perret, Denis Salas et Frédéric Worms  

 

Quoi qu'il en soit du débat sur sa nature et ses causes, le terrorisme islamique a un objectif assez clair : détruire les sociétés démocratiques, non pas certes physiquement (il n’en a pas les moyens), mais dans leur essence politique, morale et spirituelle, en les poussant à se renier elles-mêmes, à se dénaturer et à faire ainsi la preuve de l’insignifiance des valeurs sur lesquelles elles se prétendent fondées. C'est donc d'abord sur le terrain des valeurs et des institutions que doit s'évaluer la résilience de l'esprit démocratique et la pertinence de ses réponses politiques. Comment faire pour que la démocratie sorte grandie de cette épreuve ?

 

Pour commencer, il convient d'examiner si la manière dont nous répondons à la violence est de nature à nous en protéger. S'il est vrai que, comme le pensait René Girard, « la violence n'est jamais perdue pour la violence », il faut se demander comment les sociétés démocratiques métabolisent la haine dont elles sont l'objet dans les comportements quotidiens, la culture, les pratiques collectives et le fonctionnement de leurs institutions, et ce que produisent en retour ces réponses sur les ressorts de la violence.

 

La non-violence exemplaire des foules qui se rassemblent par solidarité avec les victimes a pour contrepartie l'exigence de voir l'État assumer, avec plus de solennité et de sévérité encore, son monopole de la violence légitime. Cette violence se concrétise d'abord par une répression policière et judiciaire implacable. Mais elle peut aussi se sublimer dans des dispositifs symboliques. Il semble en effet inévitable et salubre d’opposer à l'idéologie djihadiste une autre forme de religiosité, à travers une mise en scène politique de l'unanimité du corps social, voire des initiatives mémorielles. Mais l’ambivalence de ces nouveaux rituels doit aussi être questionnée.

 

Face à une violence qui cherche à s'ancrer dans une transcendance religieuse, le risque existe toujours d'être entraîné sur le même terrain, celui de la diabolisation de l'adversaire, de la rhétorique guerrière, de la sacralisation du combat et de ses victimes innocentes. Or, la priorité doit être plutôt de démystifier la violence terroriste, de faire apparaître sa nullité, son incapacité à fonder quoi que ce soit. C'est à cette entreprise que peut contribuer la société civile par ses élans de solidarité et la mise en récit du traumatisme. En fin de compte, ne sommes-nous pas dans un moment privilégié pour faire de nouveaux pas vers la sortie du sacrificiel, seul destin possible pour la démocratie ?


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