Contexte, enjeux et objectifs du congrès
Les difficultés de la criminologie à trouver sa place en tant que telle en France, dans le monde universitaire, le milieu de la recherche et au sein des institutions pénales mais plus largement dans la définition des politiques publiques liées aux questions de sécurité ne sont pas récentes. Mais alors qu’elle a été à l’origine de progrès considérables dans le fonctionnement des institutions pénales et plus largement dans les sciences humaines, on a le sentiment depuis quelques années que cette discipline est soit décriée, soit dévoyée. Ce qui se traduit par plusieurs phénomènes, lourds de conséquence par rapport à la définition et la mise en œuvre des politiques de sécurité publique au sens large (prévention générale et spécialisée, police, justice, administration pénitentiaire) en France mais aussi à leur perception dans l’opinion publique. L’objet de ce congrès sera donc de mettre au clair, en mobilisant plusieurs perspectives (historique, sociologique, politique, philosophique, etc. ...), ce qui peut expliquer cette situation, les conséquences qu’elle a pu générer, puis d’examiner comment la situation pour- rait évoluer.
On aura compris que ce travail se situe dans la foulée de la conférence de consensus sur la prévention de la récidive de février 2013 et repose sur le fondement essentiel qui y avait présidé : celui selon lequel les politiques pénales doivent être définies à partir des savoirs disponibles au sujet des causes ou du sens de la délinquance et des réponses à y apporter en particulier dans un cadre multidisciplinaire. Le phénomène en lui-même de ce ‘malentendu’ concernant la place de la criminologie en France se traduit par plusieurs réalités qu’il conviendra de circonscrire avec précision, en s’employant ensuite à en identifier les causes pour enfin examiner comment le dépasser et donner leur juste place à ces savoirs.
Ce congrès recouvre trois objectifs :
1. Faire le point sur ce qui permet de comprendre pourquoi la France a un ‘problème’ avec la criminologie et mieux identifier la nature de ce problème, ses causes, et ses conséquences.
2. Comment faire en sorte dans les années qui viennent que ce blocage soit dépassé de telle sorte que les politiques pénales mais aussi les politiques publiques en amont et en aval des institutions pénales et pénitentiaires soient irriguées par les savoirs dans ce domaine ?
3. Mieux cerner ce que nous essayons de promouvoir à l’AFC : une criminologie d’émancipation par rapport à une criminologie de gestion ou sécuritaire.
Marc RENNEVILLE - « La criminologie française. Enquête sur une disparition ».
Vincent SIZAIRE (magistrat et maitre de conférence associé à l'université de Paris-Nanterre) - "Marc Ancel et les bases d'une criminologie humaniste"
Retrouvez-ci dessous la contribution écrite de Vincent Sizaire
Mathilde BRIARD (Docteur en philosophie du droit, ISCJ Bordeaux) - « Criminologie personnaliste : l'exemple des crimes familiaux. Une voix pour le développement d'une criminologie en France ».
Mélody RAMSEYER (Masters en sociologie spécialité criminologie et en psychologie spécialité psychopathologie clinique) - "Histoire de l'association française de criminologie : quête de l'émancipation et recours à une criminologie humaniste"
Elliot LOUAN (CPIP - doctorant à l'université de Montréal) - La criminologie dans les pratiques de probation aujourd'hui
Isabelle DREAN-RIVETTE (Juge de l'application des peines, TGI de Bar-le-Duc) - Où en est la France avec la criminologie ?